Recharge rapide
« Des bornes de recharge sur le site de notre entreprise ? Une obligation pour notre image »
« Un bon conseil aux entreprises qui réfléchissent à la façon d’appréhender la transition vers la conduite électrique ? Veillez à ce que vos installations soient prêtes pour le futur, à disposer d’une bonne car-policy et à prendre de bons accords pour la recharge des véhicules électriques. Et fixez clairement les endroits et les moments où vos collaborateurs peuvent recharger leurs véhicules », explique Ellen Vandervorst.
Ellen Vandervorst est directrice générale d’Electro-Test. Cette entreprise, fondée par son père il y a trente ans, effectue des contrôles réglementaires dans toute la Belgique, notamment sur les installations électriques, les appareils à gaz et à brûleur, les engins de levage et les applications environnementales. Elle assure également la formation de spécialistes techniques.
L’entreprise a été la première PME de Belgique à installer deux bornes de recharge rapide DC sur son site et à les mettre à la disposition de tiers. Elle a également mis en place des bornes de recharge conventionnelles AC pour ses collaborateurs. Car Electro-Test a fait de l’entreprise durable une priorité. Elle joue désormais un rôle exemplaire lorsqu’il s’agit de rendre sa flotte automobile durable dans le cadre de la transition énergétique. Nous avions donc beaucoup de raisons de parler à Ellen Vandervorst de cette installation, de l’entreprise durable et de son partenariat avec Eneco eMobility.
« Même si nous n’y gagnons rien »
Ellen Vandervorst raconte : « En 2018, nous avons décidé de rendre notre flotte de véhicules plus écologique, car nous voulions réduire notre empreinte carbone. L’environnement et l’énergie sont des facteurs importants dans notre activité : nous devions donc montrer l’exemple dans ce domaine également. C’était important pour notre image. Nous avons estimé que nous devions de toute façon devenir plus durables, même si nous n’avions rien à y gagner. »
« L’écologisation impliquait aussi de faire passer nos travailleurs à des véhicules hybrides ou électriques. Nous devions donc faire en sorte que ceux-ci puissent les recharger au bureau. Comme nous avons décidé de construire un nouveau siège social au même moment, nous avons immédiatement examiné les conséquences que cela aurait sur notre infrastructure électrique. Nous avons alors investi dans une cabine haute tension et installé un câblage déjà prêt pour le futur. Nos deux points de recharge DC ont une capacité de 50 kW. Nous pouvons charger une batterie à 80 % de sa capacité en 45 minutes. Mais nous pourrons éventuellement passer à 150 kW à terme, sans devoir modifier nos installations. Il ne faudra alors que 20 minutes pour recharger une voiture : le temps d’aller chercher un café, et la batterie de la voiture sera totalement rechargée ! »
Le choix d’un opérateur vert expérimenté
Lorsqu’Electro-Test a dû prendre une décision concernant les véhicules électriques, elle a choisi Eneco eMobility pour la collaboration concernant les points de recharge. « Nous avons opté pour Eneco parce que c’était l’opérateur le plus écologique et que tous ses points de recharge sont alimentés par de l’électricité 100 % verte provenant du soleil et du vent. C’était important dans notre histoire. De plus, il disposait déjà d’une expertise aux Pays-Bas, qui sont très en avance sur la Belgique en matière de voitures électriques. Et leur service est excellent », ajoute Ellen Vandervorst.
Electro-Test a également fait appel à Eneco pour l’installation proprement dite. « Nous avons réalisé les raccordements nous-mêmes, mais la centrale électrique a été installée par Eneco. Nous avons aussi fait appel à Eneco pour les bornes de recharge. Nos expertises sont complémentaires. »
La borne de recharge à domicile doit également être à l’épreuve du futur
Electro-Test a décidé de fournir des points de recharge non seulement sur ses propres terrains d’entreprise mais aussi au domicile de ses collaborateurs. Elle le fait également en collaboration avec Eneco eMobility. « Et là aussi, nous travaillons dans une perspective d’avenir. Aujourd’hui, vous pouvez facilement brancher un véhicule hybride à une prise murale pour le recharger. Mais notre intention est de passer au 100 % électrique pour tout le monde. Nous voulons déjà en tenir compte en mettant à la disposition de nos collaborateurs un point de recharge à domicile. Il y a également une raison économique à cela : un câble de recharge intelligent, indispensable pour rembourser correctement nos collaborateurs qui rechargent leur véhicule à domicile, coûte 700 euros. Un point de recharge qui dure dix ans coûte 1 600 euros. »
Ellen Vandervorst poursuit : « Nous déterminons à l’avance les adaptations à apporter aux installations électriques de nos collaborateurs. Souvent, celles-ci ne sont pas assez puissantes, et nous devons donc augmenter leur capacité. Cela a un coût, car il faut payer pour la puissance disponible. Si le coût de l’opération est trop élevé, nous installons quand même un point de recharge de 22 kVA prévu pour l’avenir, mais nous limitons le fusible. Nous donnons alors à nos collaborateurs un véhicule hybride qui se recharge à une capacité inférieure. Pour l’instant, il n’existe pas de cadre légal concernant le coût d’un éventuel renforcement de la solution de recharge au domicile du collaborateur. »
« Nous devons également tenir compte de la nouvelle génération de voitures, qui peuvent conduire 800 à 900 km avec une batterie pleine. Un point de recharge à domicile permet d’optimiser la recharge au sein de la famille, par exemple en demandant aux partenaires de charger leur véhicule un jour sur deux. »
De pionnier à conseiller
En tant que première PME disposant à la fois de bornes de recharge pour son propre personnel et de bornes de recharge utilisées par des tiers, Electro-Test est souvent sollicitée pour des conseils par d’autres entreprises souhaitant rendre leur flotte de véhicules plus écologique. « En effet, nous avons déjà accumulé une grande expertise et cela se situe en outre dans le prolongement de nos activités. Par conséquent, dans le cadre de notre rôle de pionnier, cela s’est spontanément transformé en un nouveau business », explique Ellen Vandervorst.
Les conseils que nous prodiguons sont très vastes. « Cela va de l’électricité à la fiscalité. On nous demande : comment faire ? Notre installation est-elle assez lourde ? Que devons-nous faire de notre car-policy et de nos instructions de recharge ? Nous avons déjà établi une politique claire en la matière. Nos collaborateurs doivent en priorité recharger leur voiture dans l’entreprise, puis à la maison et enfin sur la route. Et ceci dans des endroits où la recharge ne coûte pas trop cher, pas sur les autoroutes. Si vous devez payer 65 cents pour un kWh, il n’y a plus aucun avantage à rouler à l’électricité. Chez nous, c’est encore abordable. Notre personnel est formé à la conduite électrique. Les collaborateurs se font même un devoir d’aller manger dans des endroits où la voiture peut être rechargée à moindre coût. Mais j’entends d’autres entreprises dire que c’est une vraie préoccupation là-bas. »
Et ce n’est pas tout. « Nous recevons également des demandes d’autres entreprises qui souhaitent pouvoir recharger leurs voitures chez nous. Par exemple, une entreprise de déménagement désire utiliser nos bornes de recharge AC pour son personnel, afin de faire le plein de leurs véhicules pendant la nuit. »
Le législateur est à la traîne
Malgré les avantages évidents de la conduite électrique, Ellen Vandervorst note qu’il y a quelques inquiétudes. « La politique en Belgique n’est pas toujours adaptée aux nouveaux développements. Par exemple, l’augmentation de puissance d’une installation coûte 400 euros en Flandre, mais 6 000 euros en Wallonie. Il y a aussi un aspect fiscal. Si l’employeur prend en charge les coûts, il s’agit d’un avantage en nature imposable pour les travailleurs. En outre, le futur projet de loi sur la facturation basée sur la puissance de crête (également appelé tarif de capacité) pourrait être une pilule difficile à avaler. Aujourd’hui, la facture des particuliers est basée sur leur consommation. À partir de 2022, il est prévu de baser la facture sur la puissance de crête de la consommation. Cela pourrait poser des problèmes aux personnes possédant un véhicule électrique. Pour recharger complètement une voiture à domicile, certains modèles électriques nécessitent désormais 11 heures de recharge. Mais si vous vous branchez en rentrant chez vous, vous allez augmenter encore plus votre consommation de pointe », explique Ellen Vandervorst.
Néanmoins, la tendance est lancée. Personne ne doute plus de la transition vers les véhicules électriques et de la nécessité d’installer les points de recharge allant de pair. Même si, à court terme, il reste un certain nombre d’incertitudes et que certaines législations doivent encore être modernisées, il s’agit pour les entreprises de suivre l’évolution et de s’armer pour l’avenir.